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LE TOURISME VECTEUR DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL. MOYEN JUDICIEUX DE RAPPROCHEMENT DES CIVILISATIONS ET DES HOMMES

FNTT: « Il est temps d’adapter la législation à la réalité du terrain »


Rédigé le Jeudi 17 Juillet 2025 à 13:27 | Lu 19 commentaire(s)

En regard des mutations profondes que connaît le secteur touristique au Maroc, la Fédération Nationale du Transport Touristique-CGEM (FNTT) appelle le gouvernement à revoir certains aspects de la réglementation : la limite d’âge d’exploitation des autocars de tourisme des séries T (1ère, 2ème, 3ème). Actuellement fixée à 12 ans, cette durée est jugée inadaptée aux réalités économiques, techniques et internationales du secteur. Dans cet entretien, Rachid Bouamara, président de la FNTT, expose avec rigueur les fondements de cette demande et ses implications concrètes.


Monsieur le Président, pourquoi avoir décidé de saisir officiellement le Ministère du Transport sur cette question ?

Nous ne plaidons pas pour un assouplissement sans fondement, mais pour une réforme réfléchie, argumentée et vitale. L’âge limite d’exploitation des autocars touristiques, fixé aujourd’hui à 12 ans, ne correspond plus ni à la réalité mécanique des véhicules modernes, ni aux contraintes économiques que vivent les opérateurs, en particulier les petites et moyennes entreprises. Nous avons formulé cette demande pour porter un message clair : maintenir cette limite sans révision menace directement la viabilité de centaines d’acteurs du tourisme marocain.

Quels sont les principaux obstacles que vous soulevez ?

Le premier, c’est le coût d’acquisition des autocars neufs. Aujourd’hui, pour acquérir un véhicule aux normes internationales, il faut compter entre 2,5 et 3 millions de dirhams. C’est un investissement colossal, surtout dans un contexte post-Covid, marqué par une fragilité persistante de la trésorerie des transporteurs touristiques. Il faut comprendre que le renouvellement du parc ne peut pas être dicté uniquement par un calendrier administratif, mais doit intégrer des critères économiques tangibles.

Ensuite, il y a le faible kilométrage moyen des autocars touristiques. Nos véhicules roulent en moyenne 60 % moins que ceux du transport public régulier. Leur usure est donc bien plus lente, et leur état de fonctionnement peut rester excellent bien au-delà des 12 ans, surtout si l’entretien est rigoureux, comme c’est généralement le cas chez nos adhérents.

Mais qu’en est-il des normes de sécurité ? Ne sont-elles pas liées à l’âge du véhicule ?

La question de la sécurité est primordiale, et nous ne la négligeons en aucun cas. Mais les avancées technologiques des quinze dernières années ont radicalement changé la donne. Les nouveaux moteurs, les boîtes automatisées, les systèmes de freinage intelligents ou les chaînes cinématiques durables ont prolongé la durée de vie utile des véhicules sans compromettre leur sécurité. Nous proposons donc un encadrement renforcé sur l’entretien mécanique et les visites techniques, mais pas une interdiction arbitraire après 12 ans.


FNTT: « Il est temps d’adapter la législation à la réalité du terrain »

D’autres pays ont-ils adopté une approche plus souple ?

Absolument. Le Maroc est l’un des rares pays touristiques à maintenir une limite aussi courte. En Turquie, en Espagne, ou encore en Afrique du Sud, il n’y a pas de seuil fixe d’âge : l’autorisation d’exploitation repose sur des critères techniques, pas uniquement sur la date de mise en circulation. Ce modèle pragmatique favorise la compétitivité sans nuire à la sécurité. Aujourd’hui, nos transporteurs se trouvent donc désavantagés face à leurs homologues étrangers, alors même que nous partageons les mêmes marchés touristiques.

Quel rôle cette réforme pourrait-elle jouer dans les événements internationaux à venir ?

Il faut bien comprendre que la Coupe d’Afrique 2025 et la Coupe du Monde 2030 ne sont pas des événements ordinaires. Ils impliquent une mobilisation logistique sans précédent. Le Maroc ne pourra pas honorer ses engagements si les transporteurs touristiques sont freinés par des contraintes réglementaires rigides. Étendre la durée de vie autorisée des autocars de tourisme à 15 ans permettrait de mobiliser rapidement une flotte suffisante, sans exposer l’État à des coûts supplémentaires ni retarder la réponse aux besoins du terrain.

Certains pourraient vous accuser de vouloir baisser les standards…

C’est l’inverse. Nous ne cherchons pas à fuir nos responsabilités, mais à construire un cadre responsable, réaliste et durable. La FNTT a toujours plaidé pour la qualité de service, la modernisation, et la formation continue. Mais la pérennité d’un secteur stratégique comme le nôtre ne peut reposer sur des règles figées qui ne tiennent pas compte de l’évolution technique et économique. Il s’agit ici d’un ajustement pragmatique, pas d’un relâchement.

Concrètement, que proposez-vous au ministère ?

Nous demandons une révision réglementaire ciblée, portant la durée maximale d’exploitation à 15 ans pour les séries T, avec en contrepartie un renforcement des contrôles techniques annuels dès la 10ᵉ année. Nous proposons également un cadre d’audit qualité pour les opérateurs volontaires, qui permettra de garantir que les véhicules plus anciens répondent à toutes les exigences de sécurité et de confort. Le but n’est pas de généraliser l’usage de véhicules anciens, mais d’introduire de la flexibilité intelligente.

Un dernier mot ?

Oui. L’hospitalité marocaine commence par le transport. Si nous voulons accueillir des millions de visiteurs dans de bonnes conditions, soutenir nos régions, créer de l’emploi et consolider l’image du Maroc, nous devons avoir un outil de transport touristique fort, structuré et adapté à la réalité. Nous sommes prêts à dialoguer, à collaborer, à faire évoluer notre propre pratique. Mais pour cela, nous avons besoin d’un cadre réglementaire qui regarde l’avenir, pas le passé.

Source:  premiumtravelnews.com  par mustapha amal







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