D’autres pays ont-ils adopté une approche plus souple ?
Absolument. Le Maroc est l’un des rares pays touristiques à maintenir une limite aussi courte. En Turquie, en Espagne, ou encore en Afrique du Sud, il n’y a pas de seuil fixe d’âge : l’autorisation d’exploitation repose sur des critères techniques, pas uniquement sur la date de mise en circulation. Ce modèle pragmatique favorise la compétitivité sans nuire à la sécurité. Aujourd’hui, nos transporteurs se trouvent donc désavantagés face à leurs homologues étrangers, alors même que nous partageons les mêmes marchés touristiques.
Quel rôle cette réforme pourrait-elle jouer dans les événements internationaux à venir ?
Il faut bien comprendre que la Coupe d’Afrique 2025 et la Coupe du Monde 2030 ne sont pas des événements ordinaires. Ils impliquent une mobilisation logistique sans précédent. Le Maroc ne pourra pas honorer ses engagements si les transporteurs touristiques sont freinés par des contraintes réglementaires rigides. Étendre la durée de vie autorisée des autocars de tourisme à 15 ans permettrait de mobiliser rapidement une flotte suffisante, sans exposer l’État à des coûts supplémentaires ni retarder la réponse aux besoins du terrain.
Certains pourraient vous accuser de vouloir baisser les standards…
C’est l’inverse. Nous ne cherchons pas à fuir nos responsabilités, mais à construire un cadre responsable, réaliste et durable. La FNTT a toujours plaidé pour la qualité de service, la modernisation, et la formation continue. Mais la pérennité d’un secteur stratégique comme le nôtre ne peut reposer sur des règles figées qui ne tiennent pas compte de l’évolution technique et économique. Il s’agit ici d’un ajustement pragmatique, pas d’un relâchement.
Concrètement, que proposez-vous au ministère ?
Nous demandons une révision réglementaire ciblée, portant la durée maximale d’exploitation à 15 ans pour les séries T, avec en contrepartie un renforcement des contrôles techniques annuels dès la 10ᵉ année. Nous proposons également un cadre d’audit qualité pour les opérateurs volontaires, qui permettra de garantir que les véhicules plus anciens répondent à toutes les exigences de sécurité et de confort. Le but n’est pas de généraliser l’usage de véhicules anciens, mais d’introduire de la flexibilité intelligente.
Un dernier mot ?
Oui. L’hospitalité marocaine commence par le transport. Si nous voulons accueillir des millions de visiteurs dans de bonnes conditions, soutenir nos régions, créer de l’emploi et consolider l’image du Maroc, nous devons avoir un outil de transport touristique fort, structuré et adapté à la réalité. Nous sommes prêts à dialoguer, à collaborer, à faire évoluer notre propre pratique. Mais pour cela, nous avons besoin d’un cadre réglementaire qui regarde l’avenir, pas le passé.