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LE TOURISME VECTEUR DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL. MOYEN JUDICIEUX DE RAPPROCHEMENT DES CIVILISATIONS ET DES HOMMES


Le Maroc a enregistré 13,5 millions d’arrivées touristiques de janvier à août 2025 (+15%), se dirigeant vers un nouveau record annuel. Cette performance est largement attribuée à la forte contribution des Marocains résidant à l’étranger. Toutefois, malgré ces performances, le taux de progression mensuel a fortement ralenti, passant de 27% en avril à seulement 4% en août, interrogeant sur la dynamique de croissance.


Maroc :Arrivées touristiques : les MRE boostent les chiffres, mais la croissance fléchit

Avec une hausse à deux chiffres (+15%) par rapport à la même période de 2024, le cumul des touristes aux postes frontières a atteint 13,5 millions d’arrivées durant la période de janvier à août 2025. De ce fait, le Maroc, qui s’apprête à participer du 23 au 25 septembre 2025 au salon IFTM Top Resa à Paris, va sans doute franchir un nouveau cap en dépassant le chiffre de 17,4 millions de touristes de l’année dernière, les Marocains résidant à l’étranger (MRE) représentant 49% de ces arrivées.

Si une telle performance peut impressionner, il reste à attendre les détails de l’évolution des nuitées, toutes les arrivées aux postes frontières ne se traduisant pas forcément par des nuitées au sein des Établissements d’hébergement touristique (EHT) classés. Il n’en demeure pas moins que ces chiffres, alimentés par la saison estivale et surtout le retour en force des MRE ne suffisent pas à eux seuls à décrire la réalité des performances, si l’on décrypte les «non-dits» de ces statistiques.

Il s’agit notamment des taux de progression mensuels (de janvier à août 2025 par rapport à la saison 2024) dont l’évolution est passée de deux chiffres de janvier à juin à un seul durant les mois de juillet et août. Un constat confirmé par Zoubir Bouhoute, analyste et expert en tourisme. Dans ce sens, trois fluctuations des arrivées ont été observées entre juillet et août 2025.


Un ralentissement du taux de progression en juillet et août
«Depuis le pic de 27% atteint en avril, les taux de progression affichent une chute préoccupante avec 16% en mai, 11% en juin, 6% en juillet et seulement 4% en août. Cette baisse rompt avec la dynamique observée en début d’année, où le tourisme avait démarré en force avec 27% en janvier et un rythme soutenu en février (22%) et en mars (17%)», explique Bouhoute.

De ce fait, à mesure que l’année avance et que les volumes évoluent, il devient plus difficile de maintenir des taux de croissance à deux chiffres avec des pourcentages de progression qui tendent à se stabiliser. Notre interlocuteur ajoute que «certes, le ralentissement de mars (17%) pouvait s’expliquer par le mois de Ramadan, mais comment justifier une baisse aussi marquée et continue depuis avril ? L’autre fait méritant d’être relevé, c’est que les flux des MRE ont apporté grandement leur pierre à l’édifice touristique, si l’on se réfère aux arrivées cumulées durant l’été et la première moitié de la saison.

Selon le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, juillet et août 2025 ont enregistré l’arrivée cumulée de 4,6 millions de touristes, soit une hausse de 6% par rapport à l’été 2024.

Les MRE tirent les chiffres vers le haut
Le nombre d’arrivées de MRE, entre juillet et août 2025, a augmenté de 13% par rapport à l’été dernier, alors que les touristes étrangers de séjour (TES) ont généré deux millions d’arrivées. Une part qui est attribuable à l’arrivée de plus de 3,7 millions de MRE au 31 août 2025 selon Zoubir Bouhoute, en se référant aux chiffres de la Fondation Mohammed V pour la Solidarité.


En poussant l’analyse plus loin, force est de constater que si le mois de juillet avait accueilli 2,7 millions d’arrivées aux postes frontières (+6% entre les mois de juillet 2024 et 2025, soit 145.000 arrivées), le mois d’août, quant à lui, n’a enregistré que 1,9 million de visiteurs, contre 1,8 million en août 2024, soit un taux de progression de 4%.

Cette évolution est liée à l’évolution des déplacements des MRE et à la nature de l’opération Marhaba, avec leur retour aux pays d’accueil, selon Bouhoute.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉC


Par Med Mohamed Rial le Jeudi 11 Septembre 2025


Longtemps prisonnier d’un système archaïque, le ministère du Tourisme modernise son dispositif de collecte de données. Une refonte destinée à intégrer les plateformes mondiales et à hisser le suivi du secteur au niveau des standards internationaux.


indicateurs touristiques. La tutelle entre enfin dans l’ère numérique

Un soir de juillet à Essaouira, la gérante d’un boutique-hôtel voit, entre 22 h et minuit, sept chambres s’envoler sans un seul coup de fil. Personne ne s’est pourtant présenté au comptoir, tout s’est joué en ligne. Une scène, somme toute, anodine mais qui illustre un paradoxe propre au secteur du tourisme. A l’heure où la plupart des voyageurs réservent leur séjour en quelques clics sur Airbnb, Booking ou encore TripAdvisor, le suivi officiel du ministère du Tourisme s’appuie encore sur des déclarations mensuelles collectées auprès des établissements classés. Ce décalage entre pratiques numériques, d’une part, et l’approche archaïque de l’administration, de l’autre, a incité la tutelle à lancer une refonte complète de son dispositif de collecte de données.

Exploiter les données
Et, c’est précisément cette fracture que le ministère du Tourisme entend résorber en lançant, le 9 octobre, un appel d’offres international pour une refonte complète de son dispositif de collecte et d’analyse de data. Estimé à 3 millions de dirhams, le projet vise à remplacer la plateforme Statour, en service depuis plusieurs années, par un système plus moderne, apte à agréger des données multiples et hétérogènes. Là où l’ancienne mouture centralisait surtout les déclarations des établissements hôteliers et quelques fichiers Excel transmis par l’Office des aéroports ou la Sûreté nationale, la nouvelle architecture prévoit une intégration automatisée de sources aussi variées que Booking, Airbnb, TripAdvisor, Google Places ou encore Amadeus. «La réforme va fluidifier le circuit et surtout permettre aux opérateurs d’avoir une lecture beaucoup plus fine de la demande en temps réel», observe un professionnel du secteur.

Changement d’échelle
Il en va de même pour la «compétitivité de la destination» qui ne se joue plus seulement sur l’offre, mais aussi sur la capacité à exploiter la data. La réforme marque en ce sens une rupture dans la manière même de produire la donnée. Les processus manuels, longtemps validés en cascade par les délégations régionales avant d’être consolidés au niveau central, cèdent la place à une plateforme intégrée, interopérable avec le datacenter du ministère, capable de croiser données structurées et non structurées, d’alimenter un entrepôt national et de générer des rapports interactifs en temps réel. Elle intègre également un modèle d’estimation statistique pour combler les informations manquantes et prévoit l’adoption progressive du Système de télédéclaration des nuitées (STDN) comme source principale.


  S’aligner sur les standards internationaux
Au-delà de l’évolution technique, la réforme traduit un véritable basculement culturel. L’information touristique ne sera plus cantonnée aux seules arrivées aux frontières ou aux nuitées enregistrées dans les hôtels classés. Elle intégrera progressivement les usages numériques qui façonnent désormais le secteur. Pour le ministère, l’enjeu est double, puisqu’il s’agit d’améliorer la fiabilité des chiffres et mettre à la disposition des décideurs des instruments de lecture du marché inspirés des standards développés par les pures players. La réussite du projet dépendra toutefois de son appropriation par les acteurs concernés. L’appel d’offres impose un recours d’au moins 20% à la main-d’œuvre locale et prévoit un transfert de compétences pour que les équipes du ministère puissent piloter la solution sur le long terme. Après la conception technique, vient désormais le temps de la mise en œuvre. À travers cette refonte, la tutelle entend combler le retard dans un secteur stratégique qui exige désormais des outils de mesure adaptés. «Les détails de ce dispositif seront présentés dans les prochains jours», assure Ali Ghanam, président de l’Observatoire du tourisme, qui annonce la tenue prochaine d’une conférence de presse destinée à en préciser les contours.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO


Par Med Mohamed Rial le Mercredi 27 Août 2025


Depuis 2001, le Maroc a formulé pas moins de trois grandes visions touristiques nationales : Vision 2010, Vision 2020 et la feuille de route 2023–2026. Chacune affichait des ambitions louables : cap clair, objectifs chiffrés, volonté de structurer le secteur, d’attirer 20 millions de touristes et de faire du tourisme un dynamo fiable de croissance.


Mais pourquoi la gouvernance touristique au Maroc est-elle toujours malade?

Mais malgré ces bonnes intentions, les résultats restent malheureusement en deçà. Il est vrai que certaines destinations, comme Marrakech ou Agadir ont tiré leur épingle du jeu, mais d’autres régions aux potentiels énormes, comme le Drâa-Tafilalet, Ouarzazate, Béni-Mellal ou l’Oriental, ont été laissées arbitrairement pour compte.

Le problème ? Il n’est ni dans la stratégie, ni dans le manque de ressources naturelles ou culturelles. Il réside ailleurs, plus profondément, dans la gouvernance. Un mot souvent évoqué, rarement assumé. Derrière les slogans, l’ego démesuré de certains décideurs, le calcul à courte vue de certains professionnels, imposer une enseigne ou une personne décisionnelle dans des postes importants sans souvent qu’elle en soit habilitée et l’absence de leadership local structurant ont durablement freiné les efforts. Et ce, malgré les alertes lancées dès le milieu des années 2000.

Mais comment on est arrivé là ? Qu’est-il arrivé ?

Primo, Vision 2010 (lancée en 2001) voulait hisser le Maroc dans le Top 20 des destinations mondiales. Elle reposait sur deux fondements: le Plan Azur et la libéralisation de l’aérien. Les chiffres officiels annonçaient des réussites, mais la réalité fut inégale : seules deux stations sur six du Plan Azur ont vu partiellement le jour (Saïdia, Mazagan), les autres sont restées à l’état de friches ou de chantiers interrompus (Lixus, Plage Blanche…).

Secundo, Vision 2020, plus ambitieuse, prévoyait de doubler les arrivées touristiques et d’impliquer davantage les régions. Or, faute de décentralisation réelle, la vision s’est heurtée à la rigidité des circuits de décision, au manque de suivi, et à l’incapacité de certaines régions à porter leurs propres projets.

Tertio, la récente feuille de route 2023–2026, plus modeste mais pragmatique, reconnaît les erreurs passées. Mais peut-elle réussir sans une refonte de la gouvernance territoriale ? Rien n’est moins sûr.

Derrière ces blocages, un mal en sourdine a gangréné les mécanismes de mise en œuvre : l’égo de certains hauts responsables et le manque de vision partagée des opérateurs du secteur.

Les rivalités institutionnelles, notamment entre les différents ministères, agences nationales (ONMT, SMIT, etc) et les collectivités territoriales, ont généré des doublons, des retards, voire des abandons de projets stratégiques.

Certains opérateurs touristiques, concentrés sur leur intérêt immédiat, ont défendu une approche purement commerciale, sans penser écosystèmes régionaux ni développement partagé.

Le résultat ? Des régions entières sont restées à l’écart des investissements structurants, tandis que les budgets promotionnels se concentraient sur les destinations déjà établies.

L’exemple de la région Drâa-Tafilalet est l’un des plus frappants. Véritable trésor touristique (kasbahs, vallées, désert, oasis, patrimoine cinématographique), elle dispose de ressources uniques à l’échelle mondiale. Pourtant elle arrive en queue du classement national en termes de revenu par habitant : moins de 10 000 MAD/an, soit la moitié de la moyenne nationale. Elle est quasi absente des grandes campagnes internationales de l’ONMT et son accessibilité reste désastreuse, pas de lignes aériennes directes régulières vers l’Europe, liaisons intérieures peu attractives et routes longues, mal entretenues, sans alternatives rapides.

Ce retard s’explique en partie par un découpage administratif mal pensé. La création de Drâa-Tafilalet comme région, isolée des pôles dynamiques comme Marrakech ou Fez, a conduit à une fragilisation de son poids politique dans les négociations nationales. L’absence d’un leadership régional fort et audible a aggravé la situation.

Un des principaux freins à l’émergence de nouvelles destinations reste sûrement la faible connectivité aérienne. Le rôle ambigu de Royal Air Maroc est au cœur des critiques. Elle reste surtout centrée sur Casablanca et ne répond que très marginalement aux besoins des régions touristiques secondaires. De leur côté, les professionnels dénoncent une absence d’écoute et de collaboration de la part de la compagnie, que ce soit pour l’ouverture de lignes saisonnières ou la coordination avec les autorités locales.

Sans vols réguliers, fiables, et à coût raisonnable, des villes comme Errachidia, Ouarzazate, Tétouan ou Zagora resteront déconnectées de la dynamique touristique nationale et donc exclues du développement.

Le problème est également structurel : les régions, ni non plus la majorité des CRTs, n’ont ni les budgets, ni les prérogatives, ni l’expertise pour piloter une politique touristique ambitieuse. La décentralisation annoncée depuis plus de dix ans reste inaboutie. Sans dire que peu de CRI et de chambres de commerce disposent de cellules spécialisées tourisme. D’autant plus que les Conseils régionaux, élus mais souvent politisés, manquent de stratégie, de continuité et de capacité d’exécution. Qui plus est, les walis et gouverneurs, parfois moteurs, sont limités par des mandats administratifs peu connectés au terrain économique.

Il est donc clair que cette dichotomie entre ambition nationale et vide territorial aboutit à une situation paradoxale. Oui, le Maroc possède des régions exceptionnelles sur le plan touristique, mais qui ne génèrent aucune richesse locale pérenne.

Ce que révèle l’échec partiel des visions touristiques successives, c’est , qu’on l’admette ou pas, l’absence de dispositifs d’exécution solides, transparents, décentralisés et inclusifs. Sans réformes structurelles de la gouvernance touristique, notamment au niveau régional, les ambitions les plus nobles resteront suspendues dans les PowerPoints ministériels.

Le Maroc n’a pas besoin de davantage de visions. Il a besoin d’acteurs qui mettent en œuvre, qui coopèrent, et qui redonnent une voix aux territoires oubliés.

Source:  /premiumtravelnews.com   par mustapha amal

Par Med Mohamed Rial le Lundi 25 Août 2025


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